Anxiété sociale et TDAH : le double défi silencieux des formateurs
Être formatrice, formateur, c’est être au contact d’un groupe, s’exposer, improviser parfois, capter l’attention, s’adapter… C’est un métier profondément relationnel.
Mais que se passe-t-il quand on cumule anxiété sociale et TDAH ? Quand on est rongé par la peur du jugement et en même temps traversé par mille pensées en parallèle ?
Cette combinaison peut sembler paradoxale :
L’anxiété sociale pousse à l’évitement,
⚡ Le TDAH pousse à l’agitation et à l’impulsivité.
Et pourtant, elle est plus fréquente qu’on ne le pense, surtout dans les métiers de l’accompagnement.
Alors… comment tenir son rôle de formateur quand on vit ce double défi au quotidien ?
Voici 5 conseils issus de l’expérience de terrain, mêlant réflexes pédagogiques, auto-compassion et stratégies cognitives.
1. Prépare ton “rôle de scène” : un costume psychologique
L’anxiété sociale naît souvent de la peur du jugement. Et en tant que formateur, on est exposé. Beaucoup. Souvent.
Une stratégie très efficace consiste à créer un rôle professionnel clair : une version de soi “formatrice” ou “formateur”, qui s’appuie sur des rituels, un ton, une posture.
Astuce : donne-lui un prénom si tu veux ! Quand j’anime, je deviens “Sophie Pédago” — concentrée, carrée, mais toujours avec le sourire.
Ce détachement doux aide à se désidentifier de la peur :
“Ce n’est pas moi qu’on regarde, c’est mon rôle pro.”
C’est ce que font de nombreux artistes… et certains enseignants aussi.
2. Utilise des supports clairs pour compenser les trous de mémoire et la surcharge mentale
Le TDAH entraîne souvent une surcharge cognitive : on perd le fil, on oublie ce qu’on disait, on papillonne, on part en digression.
Résultat : montée d’anxiété → sentiment d’échec → cercle vicieux.
Solution : scénarise ton animation.
Prépare un storyboard ou fil conducteur visuel. Utilise des supports pédagogiques clairs (diapos Canva, fiches séquences, minuteurs…).
Bonus : laisse visible ce plan aux apprenants.
Cela rassure tout le monde et te permet de retrouver ton chemin si tu te perds.
3. Pratique l’auto-interruption bienveillante
Une difficulté fréquente du TDAH, c’est la difficulté à “s’arrêter”, à réguler son débit ou ses élans d’explication.
Et parfois, l’anxiété sociale se glisse dans cette logique : on parle trop vite, trop longtemps… pour éviter le silence.
Apprends à repérer les signaux corporels : cœur qui s’emballe, gorge sèche, pensées qui s’accélèrent.
Quand tu les sens venir, autorise-toi à faire une pause. Respire. Bois un peu d’eau.
Et pourquoi pas même verbaliser, avec humour ou naturel :
« Oups, je viens de me lancer dans une grande explication… Je reprends mon souffle et on y va doucement. »
Cela crée de la connivence, pas du malaise.
4. Prévois un sas de décompression avant et après l’animation
Animer une formation quand on a de l’anxiété sociale, c’est une dépense d’énergie énorme.
Et avec un TDAH, l’atterrissage peut être brutal : soit on surchauffe, soit on s’effondre.
♀️ Aménage-toi des sas calmes avant et après :
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15 min avant : respiration, musique apaisante, visualisation.
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30 min après : silence, pas d’écran, marche ou étirement.
Cela permet à ton système nerveux de revenir au calme, plutôt que de rester en alerte toute la journée.
Et si tu enchaînes plusieurs interventions, prévois des pauses de récupération obligatoires. Tu n’es pas une machine, même si ton cerveau fonctionne en mode 1000 idées/minute !
5. Accepte d’être accompagné.e : TCC, supervision ou pair-aidance
Il est tout à fait possible de former, d’animer, de transmettre… tout en vivant avec un TDAH et une anxiété sociale.
Mais seul.e, c’est souvent plus lourd.
Les TCC (Thérapies Cognitivo-Comportementales) sont particulièrement efficaces : elles permettent d’identifier les pensées parasites, de développer des stratégies concrètes et de rééduquer petit à petit les réflexes mentaux qui entretiennent l’angoisse ou la perte de concentration.
Je parle ici en connaissance de cause : je vis moi-même avec un TDAH combiné à une anxiété sociale.
Pendant longtemps, j’ai cru que cela me disqualifiait pour être formatrice.
Aujourd’hui, grâce aux TCC – qui m’aident à diminuer les symptômes sans les faire disparaître – et à des stratégies concrètes que j’ai testées et adaptées à mon fonctionnement, j’anime des formations avec plus de sérénité et de confiance. Je continue à m’adapter au mieux, chaque jour, avec réalisme et bienveillance.
C’est aussi ce que je transmets dans mes séances de coaching pour les pro de la formation
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Des outils pédagogiques adaptés aux neuroatypies,
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Des repères concrets pour gérer l’anxiété en animation,
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Et surtout, une approche humaine, sans injonction, qui respecte les rythmes de chacun.e.
En conclusion…
J’ai appris à animer, à transmettre, à prendre la parole… malgré (et parfois grâce à) ce TDAH et cette anxiété sociale.
Ce n’est pas un super pouvoir, ni une faiblesse : c’est une réalité avec laquelle j’avance, et que j’ai appris à apprivoiser.
Et c’est cette expérience concrète, humaine et structurée que je propose aujourd’hui aux formateurs qui vivent les mêmes défis.
Parce qu’une formatrice, formateur qui apprend à s’accompagner… devient un formateur encore plus capable d’accompagner les autres.
Mantra du jour
- « Être formateur, c’est aussi apprendre à s’accompagner soi-même avec bienveillance. »
- « TDAH et anxiété sociale ne sont pas des freins : ce sont des paramètres à connaître pour mieux adapter sa pédagogie. »
- « On ne choisit pas toujours ses câblages neuronaux… mais on peut choisir ses stratégies. »
Et si vous appreniez à accompagner au mieux vos apprenants TDAH ?
Vous êtes formateur, formatrice, et vous avez des apprenants qui décrochent, qui s’agitent, ou qui semblent « ailleurs » ?
Et si ce n’était pas un manque de motivation… mais un TDAH non détecté ou mal compris ?
- Je vous propose ma formation » TDAH au féminin, former sans s’épuiser »
- Je propose également une séance de coaching formateur : pour échanger entre pairs, sans pression, sans jugement.
- Mes fiches pédagogiques dédiées aux formateurs :